Rien ne sert de courir…

Il paraît que rien ne sert de courir, mais bon quand même faut pas traîner non plus.

Certes un marathon est avant tout une course de fond, il faut tenir, arriver au bout, c’est la plus grande victoire, celle sur soi-même bien avant celle sur les autres. Je ne suis pas expert, je ne fais que répéter ce que j’ai entendu plusieurs fois. A dire vrai le seul marathon que je côtoie de près c’est celui de composition de musique à l’image. Festival de Valence scénario, 6 candidats, 48h, un film de 7 minutes et une musique à composer, orchestrer, mixer. Un défi, un challenge…

Je ne pratique pas, j’organise. Je suis celui qui choisit le film et tente de soutenir et conseiller les candidats dans le marasme qui surgit entre la trentième et la quarantième heure suivant les tempéraments. L’exercice a quelque chose de paradoxal, d’un côté il fournit une adrénaline supplémentaire liée au temps imparti, au concours, à une forme de pression inhérente et d’un autre côté il est aussi un indicateur précis du point de limite, de là où vous en êtes.

Au sortir du délai, le projet rendu sera l’exact reflet de ce que vous êtes capable de faire dans ces conditions extraordinaires, mélange de tension et d’excitation, de fatigue et d’inspiration. Le rendu, avec un peu de recul, donne une idée précise de ce que l’on domine techniquement, des outils que l’on a à sa disposition comme compositeur. Il engendre je crois une immense fatigue mais aussi une grande satisfaction, parce que, d’une certaine manière comme le marathonien (celui de l’olympisme ou de la bataille éponyme), vous l’avez fait ; simplement, vous savez qu’en 48h vous pouvez faire la musique d’un film de 7 minutes, finie, mixée, prête à être diffusée. Et s’il n’y aura qu’un lauréat parmi les 6 candidats, il y aura bien 6 gagnants qui repartiront avec une confiance nouvelle, emplis de cette certitude d’être allé au bout.