Donner du sens…

Il arrive parfois entre deux compositions de musique de publicité ou d’illustration que l’on puisse légitimement se demander s’il y a un sens à notre travail hormis celui de remplir le porte monnaie pour accéder aux denrées de base nécessaires à la vie. Il se peut alors que surgisse la question ultime, celle qui revient à chaque période d’errance et d’interrogation, est-ce que la musique sert à quelque chose, en quoi mon métier est-il utile ? À se comparer à un éducateur, un enseignant en zone dite prioritaire, on peut se trouver futile avec nos notes et nos claviers.

C’est souvent dans ces moments qu’arrive un moment de grâce, sous la forme d’un court métrage d’auteur, d’un projet singulier ou dans mon cas d’une intervention pédagogique. Un stage de plusieurs jours réunissant des collégiens avec pour objectif la création d’un film d’animation. Une réalisatrice, un réalisateur qui emmènent les enfants à concevoir un scénario puis ébaucher un story board, créer les décors, les personnages et enfin tourner les séquences qui feront le film.

Moi au milieu de cette semaine, je viens une journée. Armé d’un lot d’iPad, équipés de Garage Band, l’objectif est de faire de la musique qui sera celle du film ensuite. Les délais ne permettent pas de travailler à l’image alors on établit une liste de besoins et on essaie d’y répondre. Une dizaine de collégiens qui n’ont jamais fait de musique ou alors si peu… Quelques minutes pour expliquer le logiciel, montrer les fonctions de base, les possibilités avant de laisser place à l’exploration. Ils sont là, un casque chacun sur les oreilles, concentrés avec un univers entier de possibilités sous leurs doigts. Ironie c’est la pièce où on fait de la musique qui est la plus silencieuse ! Petit à petit, des créations naissent, j’écoute, je conseille, je découvre.

C’est là qu’il se produit quelque chose d’incroyable. Par un mélange de spontanéité et de fraîcheur, une fois la peur, les premières barrières tombées, les collégiens pas musiciens, créent, composent, inventent. Ils s’emparent d’outils, les détournent, exploitent au maximum le logiciel, à l’intuition, à l’instinct. À la fin de la journée, des collégiens heureux d’avoir réussi, d’avoir fait tout simplement, de faire écouter aux autres leur fruit de leur travail, de partager. La musique comme force, comme lien, c’était le moment de grâce auquel j’ai assisté. Peu importe la complexité de l’œuvre, la cohérence harmonique ou tonale, la musique a ce pouvoir de porter quelque chose qui la transcende bien au-delà de la raison et c’est très bien ainsi, qu’il puisse toujours y avoir quelque chose qui nous échappe, un paramètre incontrôlable et irrationnel.

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