Le temps de l’innocence

Oui, il est un temps où nous sommes encore ignares des pratiques du monde, encore vierges de méthodes calculées et plein d’entrain et d’envie. Il est un temps comme cela où l’on peut écrire de la musique, l’inventer en toute naïveté. Un temps où il nous plait de proposer nos travaux à qui l’on veut, sans peur du retour quel qu’il soit. Ce temps de la créativité pure qui nous appartient une fois libéré de notre apprentissage quel qu’il soit et quel que soit sa forme, académique ou empirique ; ce temps est béni. Il porte en lui de la simplicité et c’est finalement cette simplicité qui va être appelée à disparaître sans que nous le sachions, insidieusement, sournoisement.

Vient alors un temps plus compliqué, ombragé, un temps de réflexions perpétuelles. Il faut savoir écouter, mais aussi tenir ferme sa barque. D’un côté recevoir les remarques, rester humble et d’un autre ne pas donner l’impression de suivre le dernier parleur ou le plus fort, garder sa route. Il faut en permanence maintenir un paradoxe. Savoir, affirmer rassure, douter peut créer le doute et pourtant le doute est constant, il est légitime et une part même de la création.

Et pourtant, à trop exprimer ses recherches et ses doutes, la perception de nos interlocuteurs change. Qu’il est loin le temps de l’innocence de l’expression spontanée. Il est alors le temps dit du professionnalisme avec sa dose de perversité. Il n’y a que le temps, encore lui, mais celui qui passe, la confiance aussi dans les relations tissées qui peuvent venir à nouveau abolir ce fatras de choses inutiles, de préceptes et de calculs. Il faut s’atteler à construire des relations de confiance, qui durent parce qu’elles permettent plus et mieux, parce qu’elles libèrent les uns et les autres.

C’est une pensée qui peut être générale, finalement appliquée à toute sorte de domaines mais en ce qui me concerne, ça ne peut être plus vrai. La relation compositeur, réalisateur est de cet acabit. Elle doit se trouver, se nourrir et elle doit aussi pouvoir faire face aux vents contraires, aux avis de tous bords devenus pour un instant réalisateurs de passage ou compositeurs du dimanche.

Nathanaël

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