Le temp track
10h : le renouveau a sonné (cf. l’improvisation), je décide d’utiliser une technique de réalisateur : le temp-track.
Comme son nom l’indique (ou pas si vous êtes anglophobe), il s’agit de créer une piste temporaire. En gros, vous faites un montage musical avec votre collection de CD (pour les plus vieux) et autres mp3.
C’est une technique souvent utilisée par les réalisateurs pour communiquer avec les compositeurs. Peut-être, on ne l’imagine pas assez mais, la communication entre gens de l’image et gens du son est souvent périlleuse, faite d’incompréhensions ; l’un connaissant peu le vocabulaire de l’autre et réciproquement. Bref …
Donc le réalisateur, pour expliquer au mieux ce qu’il attend de la musique, l’atmosphère qu’il veut voir se dégager, crée une piste son avec des musiques existantes qui seront ensuite remplacées par celles écrites pour son film.
Je viens donc de m’auto-proclamer réalisateur travaillant avec un compositeur qui ne comprend rien à mon œuvre. Je vais de ce pas créer cette fameuse piste temporaire pour transmettre mes idées à mon imbécile de compositeur.
Je vais donc piocher dans ma bibliothèque musicale et après plusieurs montages, essais et visionnages j’obtiens un résultat assez satisfaisant. J’ai sélectionné quelques passages de John Williams, un peu de Danny Elfman, du Michael Nyman et une dose de Peter Gabriel. Tant qu’à faire autant piocher dans des valeurs sûres ! Bien évidemment, le montage est éclectique et l’on ne peut pas dire que les différentes parties s’enchaînent de manière fluide, mais ça tient la route.
Je reprends mon rôle de compositeur. A nous deux temp-track !!! Je vais me servir de ces musiques de maîtres comme support à mon inspiration.
23h56 : fin de journée, bilan mitigé.
D’un côté le film avec la musique de Elfman c’est pas mal quand même, de l’autre j’ai deux problèmes majeurs :
D’abord quand j’imite trop les musiques de ma piste temporaire, on les reconnaît et surtout ça sonne toujours largement moins bien que l’original (à ma décharge mon orchestre symphonique ne s’appelle pas London Symphony Orchestra). Ensuite, certains passages finissent par s’associer de manière tellement efficaces avec la piste temporaire que j’ai du mal à imaginer autre chose.
Conclusion : le temp tracking c’est bien mais c’est un outil à manier avec précaution. Je ne suis pas le seul d’ailleurs à avoir eu ce souci, c’est arrivé à de grands réalisateurs et compositeurs. Certains ont d’ailleurs résolu le problème en finissant par acheter les droits de la musique qui avait été mise en piste temporaire. Là je suis pas sûr qu’on ait les budgets nécessaires ….
Je reprends le problème à zéro. Une bonne nuit pour se vider les oreilles et le cerveau et demain j’attaque avec de nouvelles perspectives…
(à suivre: 99% de transpiration, 1% d’inspiration)
Nathanaël
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